La boucle de Poissy, un territoire en mutation
Les participants sont partis à la rencontre des paysages de la boucle de Poissy, entre Verneuil-sur-Seine et Achères. Sous l’influence métropolitaine de la capitale, les possibilités sont multiples pour réindustrialiser la vallée de la Seine : disponibilités foncières, centres logistiques en expansion, réhabilitation d’industries, carrières.
Aux abords de la Seine, de nombreuses carrières et gravières sont aujourd'hui encore en cours d’exploitation et réfléchissent à leur devenir. La carrière GSM Granulat en est d’ailleurs un parfait exemple : exploitée jusqu’en 2039, elle laisse peu à peu se dessiner le Port Seine-Métropole Ouest. Au cœur de la boucle dont les sols sont pollués par les anciennes activités d’épandage et rendus inconstructibles, les politiques publiques s’interrogent sur l’avenir de la plaine, connue sous le nom médiatisé de la “mer de déchets”.
L’application de de la loi ZAN sur un territoire déjà très limité en foncier contraint les possibilités d’étendre les activités économiques. Ces mutations à l'œuvre sont à considérer dans une échelle de temps complexe. Elles constituent de véritables leviers pour construire les paysages industriels de demain.
La première journée, à la rencontre d’acteurs in-situ
Le jeudi 25 mai, le voyage-atelier a commencé à Chanteloup-les-Vignes par une lecture historique et paysagère des prémices de l’industrialisation à aujourd’hui orchestré par Nicolas Pierrot, conservateur en chef du patrimoine, spécialisé sur le paysage industriel à la Région Ile-de-France. Pascal Sanjuan, préfet et délégué interministériel au développement de la vallée de la Seine, complète le propos en soulignant les enjeux politiques et économiques de l’industrialisation d’aujourd’hui et de demain en vallée de la Seine.
Après cette matinée introductive, les groupes de participants ont été scindés en trois pour aborder la question de l’industrialisation sous différents aspects.
Le premier groupe a cherché à comprendre comment accompagner la création d’une nouvelle activité sur un foncier industriel vivant, avec comme exemple la création du Port Seine-Métropole Ouest, à Achères.
Le deuxième groupe a réfléchi aux procédés de régénération d’un sol pollué et défiguré durant près d’un siècle. Il s’est donc spécifiquement intéressé au site d’Integraterre : une ancienne carrière de sable, précédemment polluée par l’épandage des égouts de Paris, et aujourd’hui investi par un projet de ferme urbaine, produisant des denrées alimentaires, avec et pour les habitants d’Achères.
Le dernier groupe a traversé la plaine de Carrières-sous-Poissy, en s’interrogeant sur la ou les manières de créer un foncier utilisable pour de nouveaux usages à partir d’un sol pollué.
Ainsi, ces riches expériences de terrain ont permis aux participants d’avoir des visions diverses sur les enjeux de l’industrialisation et la réindustrialisation, et d'appréhender ces mutations autrement : en accord avec les lieux qu’elles investissent.
La deuxième journée, en atelier
Le vendredi 26 mai, les participants ont travaillé en atelier pour réfléchir aux devenirs des paysages industriels de la boucle.
Trois groupes de travail ont permis aux participants de se projeter sur le territoire selon trois attributs :
- le collectif des “insectivores de la plaine”, représenté par les hérissons,
- les actionnaires des investisseurs industriels de la filiale “Toujours Plus”,
- l’association des étudiants de Smart Université « Améliorer les restes avant la fin ».
Guidés par un scénario prospectif déterminé par quarante années de dépollution de la plaine, les participants ont réfléchi à des projections à l'horizon 2070 sur une plaine réindustrialisée.
Le collectif des “insectivores de la plaine” représenté par les hérissons, ont ainsi esquissé une plaine où s’accordent biodiversité et activités humaines. Cette coulée verte permet de raccorder les coteaux de Chanteloups-les-Vignes aux zones humides qui bordent la Seine à Carrières-sous-Poissy. Les limites parcellaires sont pensées en fonction de l’usage : les jardins des particuliers sont poreux, les parcelles industrielles et les espaces logistiques sont imperméables pour éviter les risques d'intrusion de petites faunes.
Les actionnaires des investisseurs industriels de la filiale “Toujours Plus” ont proposé d’envisager le modèle industriel autrement. Ils ont imaginé l’implantation de nouvelles industries en cohérence avec les lieux : une filiale de transformation de matériaux biosourcés au cœur de la plaine, une entreprise de recyclage de vélos en bord de Seine, et un parc dédié au développement de la biodiversité ainsi qu’aux habitants.
L’association des étudiants de Smart Université « Améliorer les restes avant la fin », a promu une manière plus éphémère d’envisager l’industrialisation de demain. Elle a proposé de créer des micro-industries adaptées à la demande locale accompagnée de micro-unités de recyclage permettant aux industries de muter avec la transformation des besoins et l’usage des matériaux récupérés.. Une nouvelle facette de l’industrie est dévoilée : locale et sobre, une nouvelle idée pour ménager le territoire.
La matinée s'est clôturée par une présentation des projets devant un jury composé de techniciens et d’un élu. . Cet atelier est un moyen d’envisager ensemble le devenir de ces lieux au cœur des préoccupations économiques, écologiques et politiques du territoire.